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l’univers des Rhums

Rhum | Rum | Ron | Monde | Négoce | Épicés & Arrangés

Quelques éclaircissements sur l’univers du rhum.
Le marché du Rhum, Cuba et Bacardi versus Pernot-Ricard, Jamaique et l’inconnue Clarendon, le Nicaragua et la malédiction du CKDU…

La tendance Rhum

Depuis quelques temps, en marge des grandes marques bien établies des groupes mondiaux d’alcool, plusieurs tendances à la recherche d’une identité voient le jour.
D’une part, une offre de rhums au goût stable avec un beau potentiel marketing, joliment “enveloppés”, parfumés, doux et ronds, sucrés, colorés, réduits au stricte minimum réglementaire 40% vol./L. Les succès de Mathusalem, puis Diplomatico Exclusiva, rhums de distillerie ont été suivi par une myriade de “rhums” de négoce aux multiples noms évocateurs.

Une autre tendance est apparue pour des buveurs aventureux toujours à la recherche de nouveaux rhums plus singuliers, sorte de réplique des négociants en whisky commencée il y a déjà longtemps. On voit éclore une multitude de jeunes négoces proposant des rhums à l’identité forte: un seul pays, un seul fût (single cask) donc un goût unique, sans ajout d’eau à la mise (bruts de fût), sans sucre et coloration, finition en fûts spéciaux (casks finish). Ces multiples sélections de rhum proviennent de chais de vieillissement dont le continent britannique regorge.

Face à ces mises dites en vieillissement continental, un certain italien ne jure que par les mises de rhums provenant d’un vieillissement tropical, plus rares et plus coûteuses aussi. Rejoignant ainsi, quelque peu la conception des rhums AOC français…

CUBA la guerre entre Bacardi et Pernod Ricard

Ha Cuba! Si la guerre froide politique semble s’estomper, celle du rhum continue entre Bacardi et Pernod Ricard.
Un peu d’histoire pour comprendre:
1934, création de la marque Havana Club par la famille Arechebala.
1959, révolution cubaine: Bacardi ainsi que la famille Arechebala s’exilent en Floride. Leurs biens sont expropriés ainsi que leurs distilleries. La famille Arechebala continue à produire du rhum au Costa Rica (US) qui est vendu sous la marque Havana Club sur le marché américain. Leurs droits sur la marque aux USA expirent en 1974.
Le gouvernement cubain en profite pour enregistrer la marque. Mais pour cause d’embargo, le rhum n’est pas vendu aux USA.
1993, Pernod Ricard détient les droits du rhum fabriqué à Cuba acquis auprès du régime castriste et le commercialise sous le nom Havana Club.
1994, Bacardi rachète les droits commerciaux de la recette originale auprès de la famille Arechebala, ce qui leur permet commercialiser la marque sur le marché américain.
La fin de l’embargo pointe son nez, chaque société cherche une stratégie pour l’avenir du juteux marché américain.
Pernod Ricard enregistre aux Etats-Unis le nom “Havanista”.
1997, Bacardi porte plainte contre le gouvernement américain pour avoir renouvelé rétroactivement les droits du gouvernement cubain de vendre le rhum Havana Club sur le territoire américain quand l’embargo économique contre La Havane sera levé.
A suivre…

Jamaique: l’inconnue Clarendon

Un exemple du gigantisme et de la complexité des actionnariats dans ce type de structure.
Les actionnaires de la distillerie se divisent entre un partenariat de trois groupes actionnaires qui détiennent 73% des parts. Le reste est détenu par Diageo, le plus grand conglomérat de spiritueux au monde.
Environ 90% de la production totale est destinée à Diageo pour commercialiser Captain Morgan (marché Europe), alors que Captain Morgan (Marché US) vient de Iles vierges et la version jamaicaine vient de Wrey & Nephew!
Ces 90 % représente au total environ 60% de toutes les exportations de rhum en vrac de la Jamaïque.
On comprendra donc que Clarendon reste une grosse unité de production pourtant inconnue du grand public, ne produisant que des rhums de marques. La distillerie possède le plus gros pot still en activité aux caraïbes de 25 000L.
Les mises en bouteille de la distillerie sont étiquetées sous le nom de MONYMUSK.

Le Nicaragua et la malédiction du CKDU

Le Nicaragua, traîne depuis quelques années la triste renommée d’une “épidémie” qui décime les ouvriers depuis 2 décennies. les coupeurs de canne de la région de Chichigalpa ainsi que les mineurs. Une maladie des reins d’origine non conventionnelle, appelée CKDU (Chronicle Kindey Desease of unknown etiology)
Le travail (équivalent d’un demi marathon par jour pendant six mois..) le manque d’hydratation, le réchauffement climatique participent à ce désastre humain. Bien sûr, l’immobilisme du gouvernement et les sociétés impliquées n’ont pas aidé pas reconnaître la maladie et trouver des solutions rapidement. Parallèlement, la maladie commence à être recensée dans d’autres pays où l’on retrouve les mêmes conditions de travail: Sri Lanka, Inde, Malawi, Cameroun, Tanzanie, Afrique du Sud, Brésil, Équateur, Uruguay, Argentine, États-Unis, Espagne, les népalais au Quatar…
Le cas du Nicaragua et FLOR de CANA est celui de l’arbre qui cache la forêt. Flor de Cana commence à en prendre conscience et travaille dans le bon sens, qu’en est-il du reste du monde?